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vendredi 7 novembre 2014

Les Petites Perles du Général Yen


S’en revenant d’un voyage au cœur des années 30, le Général Yen rapporte dans sa besace quelques jolies œuvres sauvées des eaux. Films souvent oubliés, mais pas sans qualités, ces « petites perles » trouvent leur juste place dans ce blog, au côté de nos films préférés.


TRADE WINDS – La Femme aux cigarettes blondes

Film de 1938, réalisé par Tay Garnett, avec Joan Bennett et Fredric March.

L’histoire : un détective privé fanfaron et coureur de jupons suit la piste semée de « cigarettes blondes » d’une femme accusée de meurtre.

Longue et belle croisière à travers le Pacifique, Trade Winds possède ce petit quelque chose en plus des « films de voyage » de l’avant-guerre. Comme un film que j’apprécie beaucoup, One Way Passage, avec Kay Francis et William Powell, il joue avec un charme exotique désuet qui rend son ambiance tout à fait irrésistible.

Comédie basée sur un scénario de drame – le meurtre d’un millionnaire et ses conséquences, le film joue habilement de cette tension entre le comique perçu par le spectateur et le tragique vécu par les personnages.

Côté acteurs, j’ai apprécié comme souvent la capacité de Joan Bennett à jouer à la perfection les personnages ambigus au fort potentiel de séduction, quand, face à elle, se dresse un Fredric March dans un rôle de Sherlock comique, sûr de lui, surprenant et insaisissable. Mention spéciale pour Ann Sothern en secrétaire rebelle, un des personnages féminins les plus drôles que j’ai pu voir, mises à part les perfs de l’incomparable Rosalind Russell.


ALICE ADAMS – Désirs secrets

Film de 1935, réalisé par George Stevens, avec Katharine Hepburn et Fred MacMurray.

L’histoire : au début du XXème siècle, une jeune femme de classe moyenne rêve de s’élever socialement en intégrant l’univers bourgeois d’une petite ville de l’Amérique profonde.

Au vu de son intrigue de départ, je ne pensais pas que ce film me plairait à ce point. Mais il possède un atout qui se résume en deux mots : Katharine Hepburn. Face à Fred MacMurray qui campe un blanc-bec sympathique mais encore éloigné du génie du Walter Neff de Double Indemnity, elle porte un film qui semble n’être fait que pour elle, tant elle l’illumine.

Par son jeu contrasté, qui peint toute la palette des émotions, des pleurs de l’enfant gâtée au courage de la grande dame, cette Alice Adams m’a totalement conquis. Ce personnage est très certainement mon préféré de Kate, devant même sa géniale prestation dans Holiday, film magique qui mérite que je lui consacre un jour un article. 

Alice Adams, c’est pour moi une Elizabeth Bennett en herbe. Aux portes d’un monde austenien, Alice s’efforce de ressembler à ses « amies » mieux loties qu’elle, et nous sont dévoilés ses doutes et ses peines, la rendant chaque minute plus charmante et attachante.  

En dehors de son héroïne, ce film est une jolie fable sociale, et gagne à être (re-)découvert.


JEWEL ROBBERY

Film de 1932, réalisé par William Dieterle, avec Kay Francis et William Powell.        

L’histoire : à Vienne, une jeune et riche aristocrate s’éprend d’un célèbre cambrioleur.

Classe et élégance tout du long avec cette pépite oubliée. Kay Francis s’avère délicieuse dans un rôle qui combine raffinement, fausse naïveté et séduction, tandis que William Powell confirme tout le bien que je pense de lui en jouant les gentlemen cambrioleurs, dans une nouvelle version réussie de son sempiternel personnage de dandy comique.

Jewel Robbery est pour moi la meilleure adaptation d’un scénario beaucoup utilisé à Hollywood à cette époque, à savoir la romance entre une riche dame et un voleur de bijoux. Dans ce registre, Kay Francis n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle incarne la même année un personnage très semblable dans Trouble in Paradise d’Ernst Lubitsch, qui, malgré une plus grande notoriété, reste pour moi en dessous de Jewel Robbery.

Ce film trouve grâce à mes yeux par l’alchimie de son couple star, qui me rappelle les envolées comiques et complices du duo Myrna Loy – William Powell, et une trame scénaristique bien construite, qui met parfaitement en valeur les personnalités de nos deux héros.

vendredi 12 septembre 2014

LIBELED LADY – Une fine mouche


Réalisation : Jack Conway
Société de production : Metro-Goldwyn-Mayer
Genre : Screwball comedy
Durée : 98 min
Date de sortie : 9 octobre 1936 (USA)
Casting :
Jean Harlow : Gladys Benton
William Powell : Bill Chandler
Myrna Loy : Connie Allenbury
Spencer Tracy : Warren Haggerty
Walter Connolly : James B. Allenbury






L’HISTOIRE

La riche Connie Allenbury est faussement accusée d’avoir brisé un mariage par un journal, et le poursuit en justice pour diffamation. Effrayé par le montant des réparations que devrait payer le journal, le rédacteur en chef Warren Haggerty fait appel en désespoir de cause à un collaborateur qu’il avait licencié, le talentueux mais imprévisible Bill Chandler. Il le charge de séduire et de compromettre la farouche héritière, avec le concours de sa propre fiancée, Gladys…


L’AVIS DE GENERAL YEN

Même si j’aime beaucoup le genre, je suis généralement assez difficile avec les screwball comedies. La plupart sont très drôles et agréables à voir, sans pour autant me faire sauter au plafond. Mais, parfois, par son originalité ou le talent de ses acteurs, une arrive à se détacher. Il en est ainsi de Ball of Fire et The Lady Eve, dont le principal atout est Barbara Stanwyck. Et, après une longue quête de la perle rare, j’ai le plaisir de rajouter à ce cercle fermé une trouvaille que j’ai été pêcher, une fois n’est pas coutume, au milieu des années 30 : Libeled Lady, « Une fine mouche » pour le public gaulois.

Libeled Lady, c’est d’abord la réunion de quatre immenses stars des années 30 : William Powell, Myrna Loy, Jean Harlow et Spencer Tracy. Les deux premiers cités ont même formé l’un des plus grands couples on-screen du cinéma, apparaissant conjointement dans pas moins de quatorze films (!), et parmi les plus célèbres The Thin Man et ses cinq suites. 

Chacun des acteurs est au diapason et apporte sa pièce à l’édifice comique que bâtit le film. Spencer Tracy est cynique à souhait dans son incarnation d’un personnage-type de la screwball, le journaliste sans scrupules (dans ce rôle, Cary Grant dans His Girl Friday – « La Dame du Vendredi » – reste à mes yeux la référence). William Powell joue ce qu’il fait le mieux, à savoir le dandy excentrique. Tout chez lui respire la comédie : il amplifie ses gestes de manière absurde et comique, tout en restant un parfait gentleman. Le décalage entre ridicule et filouterie d’une part, classe et délicatesse d'autre part, est le principal vecteur du rire powellien, que l’on retrouve dans The Thin Man par exemple. Les deux actrices jouent des partitions qui se complètent adéquatement. Si Jean Harlow joue avec brio une fiancée délaissée qui se bat pour reconquérir son bien-aimé avec un naturel décapant qu’on ne peut trouver que touchant, Myrna Loy campe une jeune dame distinguée et hautaine, dont les charmes et qualités sont dévoilés au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire.

L’intrigue est habilement construite sur deux trames motrices : la relation entre le journaliste Haggerty et sa fiancée Gladys, et celle entre le facétieux Chandler et l’inaccessible Connie. Habilement, car ces trames se chevauchent, au rythme des rebondissements introduits par un scénario très travaillé. C’est ainsi que par exemple, Bill Chandler et Gladys sont amenés à se rapprocher pour mener à bien le plan de Haggerty.  

Le film regorge de scènes comiques à souhait, ma préférence allant clairement à la prestation du duo Myrna Loy / William Powell dont l’alchimie fait des merveilles : lui accentue la drôlerie de son personnage de manière quasi-caricaturale, comme s’il jouait une pièce de la commedia dell’arte, tandis qu’elle semble se gausser de ses efforts d’un œil rieur, lui lançant de temps à autre une réplique imparable de son ton caustique inimitable. Et que dire de cette fameuse partie de pêche où Powell révèle l’étendue de sa capacité à faire rire par le moindre de ses gestes et déplacements…


Conclusion

En plus de me faire découvrir un duo d’acteurs dont je suis devenu un des plus grands fans, Libeled Lady m’a tout simplement proposé le type d’humour que je cherchais, alternant dans les règles de l’art répliques fines et subtiles et situations burlesques dignes d’une jolie farce, ce qui en fait très certainement ma comédie classique favorite. Du moins jusqu’à la prochaine perle comique, qui je l’espère ne tardera pas à se présenter…


NOTE : 9,5/10