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samedi 13 décembre 2014

Les Trésors Cachés de Fu Manchu

Voyageurs avides de mystères, pénétrez dans mon antre et découvrez les trésors cachés de mes pérégrinations au cœur de l’Âge d’or. Gemmes rares et oubliées, elles n’en ont pas moins gardé une grande valeur. Ici, ne cherchez pas la lune, vous y trouverez des étoiles…


BACK STREET

Film de 1932, réalisé par John M. Stahl, avec Irene Dunne et John Boles.



L’histoire : une femme, éperdument amoureuse d’un homme marié, devient sa maîtresse mais est condamnée à vivre perpétuellement dans l’ombre.

Back Street nous plonge dans le charme suranné de ces vieux films des tout-débuts du parlant, impression renforcée par l’époque dépeinte : en 1900, Ray Schmidt, une jeune femme vive, épanouie et qui entend profiter de sa vie à pleines dents, tombe amoureuse… Las, après plusieurs malentendus, l’homme qu’elle aime en épousera une autre, et quand il reviendra dans sa vie, elle sera confrontée au choix de se contenter d’être sa maîtresse, ou de le perdre à jamais.

Ce film nous propose donc une ambiance très particulière, et très réussie – typiquement « pré-code », puisque l’on est quand même amené à prendre fait et cause pour une relation adultère. Irene Dunne, dans le rôle de Ray Schmidt, est remarquable, sachant interpréter les évolutions de son personnage tout en finesse : la jeune fille enjouée des débuts, la femme délaissée puis la vieille dame digne et mélancolique.

Car il y a en effet une certaine mélancolie qui se dégage de l’œuvre, qui montre une femme résignée à son sort et qui assumera jusqu’au bout les conséquences de son choix. Le plus intéressant est qu’il n’y a pas de « méchants » dans cette histoire : ni Ray, maîtresse d’un homme marié mais tellement attachante ; ni cet homme, que l’on pourrait penser cruel et détestable mais qui semble plutôt coincé par les aléas de la vie ; ni, non plus, la famille de cet homme… La fin du film n’en est d’ailleurs que plus belle et émouvante.


EASY LIVING – La vie facile

Film de 1937, réalisé par Mitchell Leisen, avec Jean Arthur, Edward Arnold et Ray Milland.



L’histoire : une jeune femme pauvre est prise par erreur pour la maîtresse d’un riche homme d’affaires, et se voit comblée de cadeaux pour gagner ses faveurs.

Place ici à une screwball comedy des plus drôles portée par une Jean Arthur au meilleur de sa forme, incarnant une « working girl » sympathique et désargentée face au tout puissant businessman interprété par Edward Arnold. Le film est emmené sur un rythme effréné où les situations les plus improbables s’enchaînent, quiproquo après quiproquo : Jean Arthur sera ainsi prise pour l’amante d’Arnold, et sera assaillie de cadeaux aussi incongrus les uns que les autres par ceux qui espèrent gagner les faveurs du businessman.

Comme souvent dans les comédies de l’époque, le rire est amené par le décalage entre les situations sociales des principaux protagonistes et leurs attitudes globalement opposées : le rêve du personnage de Jean Arthur est de posséder un chien, elle récupère un manteau de fourrure ; elle vit dans un logement très bon marché mais se voit invitée dans un palace, etc.

Jean Arthur révèle encore une fois tout son talent comique dans cette comédie débridée, marquée par des scènes cultes, comme la fameuse scène du téléphone, qui constitue une vraie performance d’actrice.


STAGE DOOR – Pension d’artistes

Film de 1937, réalisé par Gregory La Cava, avec Katharine Hepburn, Ginger Rogers et Adolphe Menjou.



L’histoire : les hauts et les bas des habitantes d’une pension pour comédiennes, qui tentent de réaliser leur rêve de devenir des actrices célèbres.

Stage Door est un subtil mélange de comédie et de drame, racontant les affres des jeunes filles arrivant à New York pour y devenir comédiennes. L’ambiance de la pension pour jeunes femmes y est très bien rendue et très intéressante, entre petites chamailleries, rivalités mais surtout, amitiés et solidarité.

Katharine Hepburn joue une fille de la haute société espérant percer en tant qu’actrice, cependant ses manières « snob » lui jouent des tours et lui valent les railleries des autres filles. S’oppose à elle toute la gouaille comique de Ginger Rogers, que j’ai découverte et beaucoup aimé dans ce film, et qui délivre réplique culte sur réplique culte – pour lesquelles on ne peut que remercier le talent des scénaristes. La scène de rencontre des deux actrices, notamment, est particulièrement drôle.

Le film tend pourtant à s’assombrir car, loin de rester une simple comédie, il insiste sur le caractère précaire de ces jeunes femmes, qui sont « convoitées » par les hommes qui ont le pouvoir de leur octroyer un rôle, et doivent supporter la pression d’échecs répétés. Avant qu’enfin, vienne l’opportunité de leur vie…



mercredi 10 décembre 2014

ONLY ANGELS HAVE WINGS – Seuls les Anges ont des ailes

Réalisation : Howard Hawks
Société de production : Columbia Pictures
Genre : Aventure
Durée : 121 minutes
Date de sortie : 15 mai 1939 (USA)
Casting :
Cary Grant : Geoff Carter
Jean Arthur : Bonnie Lee
Rita Hayworth : Judith « Judy » MacPherson
Richard Barthelmess : Bat MacPherson
Thomas Mitchell : « Kid » Dabb
Allyn Joslyn : Les Peters
Sig Ruman : John « Dutchy » Van Reiter


L’HISTOIRE

Une jeune femme débarque dans une petite ville portuaire d’Amérique du Sud, où elle fait la connaissance des aviateurs qui assurent le transport du courrier au-delà de la Cordillère des Andes, dans des conditions épouvantables et souvent très dangereuses.

L’AVIS DE FU MANCHU

Aujourd’hui voit le retour de Jean Arthur sur Films-Classiques, puisqu’après Mr. Smith goes to Washington où elle était associée à James Stewart, la voici avec Cary Grant dans un film sorti la même année, Only Angels have wings (Seuls les Anges ont des ailes).



Cette fois-ci, pas d’intrigue politique au menu, mais une plongée dans un monde exotique et impitoyable, celui des aviateurs de l’Aéropostale chargés de transporter le courrier dans les Andes. Cette immersion dans ce monde « d’hommes » est rendue de manière très intéressante dans le film, où l’on suit le personnage de Bonnie Lee (Jean Arthur), musicienne dont le bateau a fait escale dans ce petit port d’Amérique du Sud, découvrir la ville, ses habitants, son exotisme et, finalement les seuls autres Américains présents sur place : les aviateurs. Avec elle, on découvre le quotidien de ces hommes rudes, courageux, risquant leur vie pour mener à bien leur mission, comme désabusés par leur sort incertain mais prêts à continuer leur travail coûte que coûte…
Dans cet univers, peu de place est faite aux femmes, ni aux sentiments : pourquoi s’engager quand tout peut disparaître d’une minute à l’autre ? Forcés de continuer à vivre après la mort d’un des leurs, les aviateurs l’oublient comme s’il n’avait jamais existé : façade impitoyable, mais cœur lourd, car il faut bien continuer à vivre, et y retourner, encore et encore, dès que retentit l’appel…



Geoff Carter (Cary Grant), le patron des aviateurs et le meilleur d’entre tous, est l’incarnation de l’aventurier, rude, misogyne, passionné par son travail mais qui ne l’abandonnerait pour rien au monde. Cary Grant l’interprète de très grande manière, donnant au personnage une profondeur qui va au-delà de son cynisme et de sa goujaterie du premier abord : c’est à un homme blessé que l’on a affaire, rongé par les pertes humaines (la mort de ses confrères aviateurs, dont il se sent responsable) et sentimentales (la traîtrise de la femme qu’il aimait), et se protégeant par son machisme et une insensibilité de façade pour éviter de souffrir à nouveau.

Face à lui, Jean Arthur est Bonnie Lee, l’étrangère à ce monde, la femme normale à qui l’on va s’identifier et qui nous permet d’entrer dans le film. Comme elle, l’on va d’abord être choqué par l’absence d’humanité dont semblent faire preuve ces hommes, puis comme elle, on va les comprendre et les estimer. Sûre d’elle, pleine de vie, elle se fait rapidement accepter par les hommes qui l’entourent, et le potentiel comique de Jean Arthur réapparait le temps de quelques scènes pour alléger l’atmosphère du film (le piano, la scène du bain). Son alchimie avec Cary Grant prend peu à peu forme, et, pleine de surprises, c’est elle qui décide de rester pour tenter l’aventure d’une romance avec lui.

Dans ce film, deux personnages féminins se font d’ailleurs face : Bonnie Lee (Jean Arthur), la femme forte, capable de prendre ses propres décisions, voyageant seule, sûre d’elle et déterminée à se faire respecter en tant que femme. Et Judy (Rita Hayworth), la belle jeune femme, plus effacée, dans l’ombre de son homme et prête à y rester. Entre les deux, le film se positionne clairement, et seule une femme comme Bonnie était à même de séduire à nouveau un Geoff désabusé par la gent féminine et ne s’en cachant pas.

Centré sur Jean Arthur dans sa première partie, le film s’intéresse beaucoup plus aux pilotes dans la deuxième, avec l’arrivée d’un personnage très intéressant : Bat MacPherson (Richard Barthelmess), le traître, honni par ses pairs, mais dont la petite entreprise a désespérément besoin pour survivre. Calme, taiseux, il accepte sans broncher les missions les plus dangereuses, et rachète par son courage ses erreurs passées : symbole de ces hommes qui, perdus au milieu d’un monde étranger, sont comme forcés de tirer un trait sur le passé pour se fixer sur leur (court) avenir…

Symboliques aussi de ce monde enchanteur et sans pitié, telle la jungle sud-américaine, les scènes des musiciens placées au début et à la fin du film : cette musique douce et exotique, qui enchante Jean Arthur au début du film, a une résonance beaucoup plus mélancolique quand le film prend fin, comme une parenthèse dans ce monde si particulier qui se referme : lancinante, la mélopée semble pleurer les morts et célébrer le courage de ces aventuriers décidément hors du commun.



Conclusion

Only Angels have wings nous offre donc un film d’aventure très bien construit, nous plongeant dans le quotidien de ces hommes rustres puis nous montrant la part d’humanité qu’il reste encore en eux, et qui les aide à tenir dans cet endroit coupé du monde. Cary Grant porte le film côté masculin, bien entouré par de très bons rôles secondaires, et Jean Arthur montre encore une fois quelle actrice unique elle était…


NOTE : 8,5/10


vendredi 1 août 2014

MR. SMITH GOES TO WASHINGTON - Monsieur Smith au Sénat


Réalisation : Frank Capra
Scénario : Sidney Buchman d'après le roman de Lewis R. Foster
Producteur : Frank Capra
Société de production : Columbia Pictures
Musique : Dimitri Tiomkin
Genre : Comédie dramatique ; politique
Durée : 129 minutes
Date de sortie : 17 octobre 1939 (USA)
Casting :
 James Stewart : Jefferson Smith.
Jean Arthur : Clarissa Saunders.
Claude Rains : le sénateur Joseph Harrison Paine.
Edward Arnold : Jim Taylor.
Guy Kibbee : le gouverneur Hopper.
Thomas Mitchell : Diz Moore.
Astrid Allwyn : Susan Paine.


L’HISTOIRE

A la mort inopinée d’un vieux sénateur, Jefferson Smith, un jeune homme naïf et idéaliste, est choisi comme remplaçant, sous le patronage du sénateur Paine, par des politiciens qui pensent pouvoir le manipuler à leur guise. Smith dépose un projet de loi de création d’un camp de vacances pour jeunes garçons, ignorant que Paine manœuvre en sous-main pour la construction d’un barrage au même endroit. Victime d’une cabale et devenu la risée du Sénat, Smith va devoir se battre pour ses idéaux, grâce à l’aide de sa secrétaire rompue aux joutes politiques.


L’AVIS DE FU MANCHU

Dans la filmographie de Frank Capra, Mr. Smith Goes To Washington s’insère, après  Mr. Deeds Goes To Town (1936) et avant Meet John Doe (1941), dans ce que l’on appelle la « trilogie de l’homme ordinaire ». L’histoire se base pour ces trois films sur une trame similaire : un homme simple, naïf et généreux – en bref, un homme fondamentalement bon – se retrouve confronté aux manipulations des puissants (hommes d’affaires ou politiques, sans oublier le pouvoir de persuasion de la presse). Se retrouvant seul contre tous, il doit se battre pour faire valoir ses idéaux. Ce sont donc des films à message, portant une morale, une caractéristique chez Capra, qui entend ainsi dénoncer les problèmes de l’Amérique de son temps et montrer, à la fois que tout n’est pas parfait, mais que l’idéal énoncé est encore atteignable.

Mr. Smith Goes To Washington est le deuxième de cette « trilogie », et alors que Mr Deeds Goes To Town était une vraie comédie, celui-ci est beaucoup plus sombre : on entre dans le domaine de la politique, le ton se fait plus sérieux, plus grave. Ici on ne parle pas d’héritage d’argent, mais de l’héritage d’une responsabilité politique vis-à-vis du peuple américain. Le ton est d’ailleurs beaucoup plus solennel, avec une utilisation de musiques patriotiques à des moments clés… Ok, on est chez Capra donc c’est normal, me direz-vous (un film de Capra est reconnaissable entre mille par ses Capra Moments, vous allez voir). Certes, mais ici ça a encore plus valeur de symbole, puisque l’on parle de la préservation des idéaux américains – et même plus encore, des idéaux de nos démocraties occidentales (nous sommes en 1939, et le film sera d’ailleurs interdit en Allemagne, en Italie, en Espagne et en URSS. Oui, toutes des dictatures…).

Passée cette introduction, il est temps d'aborder le film en lui même, et de vous expliquer pourquoi Mr Smith Goes To Washington fait partie, à mon sens, des tous meilleurs films de cette époque... 


Points forts

Mr. Smith Goes To Washington a, côté distribution, tout pour plaire. Capra voulait, après Mr Deeds, retrouver son couple d’acteurs vedettes, Gary Cooper et Jean Arthur. Le premier étant indisponible, il a été remplacé par James Stewart, Jean Arthur « conservant » son rôle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça marche : James Stewart est absolument parfait dans son rôle de jeune provincial découvrant la capitale, idéaliste et naïf, mais terriblement attachant. Le personnage de Jefferson Smith, c’est un peu un homme qui découvre le monde avec un regard d’enfant émerveillé, en témoigne cette scène très capraenne où il visite le Lincoln Memorial.  Mais il est doublé d’un caractère enthousiaste, prêt à travailler d’arrache-pied pour atteindre ses objectifs, et qui annonce déjà une ténacité hors du commun, dont il aura bien besoin pour faire face au mépris des sénateurs.

Face à lui, Jean Arthur est dans son élément, celui d’une working girl travailleuse et talentueuse mais « blasée » par le monde qui l’entoure. Avec elle, ce n’est pas une typique intrigue secondaire romantique que l’on va avoir, mais un vrai rôle de premier plan – encore qu'en tant que femme de l'ombre. Le personnage de Clarissa Saunders (« Saunders » pour les intimes), c’est le complément parfait de Jefferson Smith : le talent face à l’enthousiasme, l’intelligence face à la naïveté, l’expérience face à l’idéalisme. C’est « l’adjuvant » idéal pour le héros Stewart, l’écuyer indispensable à son chevalier : en somme, Jefferson Smith n’est rien sans Saunders, car c’est elle qui « sait » comment marche le monde du Sénat.
Je trouve une vraie alchimie dans la relation entre les deux personnages, et la manière dont l'opinion de Saunders sur Smith évolue est assez touchante, au cours d’une très belle scène. Alors qu'ils sont enfermés depuis des heures pour travailler sur le projet de loi et qu'elle le regarde exprimer ses idées avec une passion presque innocente, on la voit changer, au fil des minutes, d’appréciation à son égard : de nonchalante et peu impliquée elle devient intéressée, puis émue et admirative : elle qui en sait tellement plus que lui, sent que lui aussi a à lui apprendre (« I lived in a tunnel »...).
Jean Arthur était une très grande actrice, que j’apprécie beaucoup pour ce qu’elle apporte au cinéma et au jeu d’acteur : oui, c’est une vraie leading lady, très crédible dans son type de rôles et qui sait allier sérieux et rire à la fois (c’est l’une des « reines » de la screwball comedy), tout en faisant montre d’un certain charme, peut-être dû à sa voix si particulière – une voix de canard, si l’on en croit les spécialistes… Je ne peux d’ailleurs que vous conseiller de la voir en VO.

Les acteurs secondaires sont tous excellents : le sénateur Paine (Claude Rains), très intelligemment construit, écartelé entre son passé idéaliste et ses allégeances présentes l’obligeant à « écraser » Smith et à le calomnier sans pitié. Le machiavélique et sans scrupules Jim Taylor (Edward Arnold), qui tire les ficelles à son profit, en « méchant » que rien ne semble vouloir arrêter. Ou encore le journaliste Diz Moore (Thomas Mitchell), représentant le pouvoir de la presse, d’abord nonchalant et blasé, puis moqueur, et enfin conquis par la personnalité de Smith – la relation d’amitié entre Saunders et Diz est intéressante car leurs dialogues permettent de rendre compte de l’évolution de l’appréciation qu’ils portent à Smith.

Niveau scénario, on a droit à une montée en puissance en plusieurs actes, qui culmine en intensité avec le discours de Jefferson Smith au Sénat. Les relations entre les personnages sont très bien traitées et montrent l’évolution progressive de Smith : d’abord, il sera traité comme le parvenu qu’il est réellement, ses aspirations confrontées à la réalité, ses espérances formant un « paradis perdu ». C’est là que le personnage de Saunders a le plus de sens : dans son monde de « Boys Rangers » - l’association de scouts qu’il dirige -, il est le « maître » d’un environnement idéalisé, où les valeurs de l’Amérique démocratique sont portées aux nues et où « tout est bien ». Le monde politique, lui, n’est que compromis, corruption et arrangements en faveur des puissants, et Saunders est là pour faire comprendre à Smith que le « monde réel » n’est pas cet idéal où il vivait, et qu’il va devoir se battre pour se faire entendre.
Et c’est là que réside la force du film : Smith, tout naïf qu’il soit, malgré ses désillusions, bien épaulé par Saunders, va décider de se battre et de relever la tête pour donner corps à ses idéaux de justice, de liberté et de démocratie… C’est l’intensité qui est donnée à ce combat qui est belle parce que, oui, ce ne sera pas un combat facile. Mais c’est cela qui rend ce film beau et puissant, et c’est pour cela qu’il ne doit pas être oublié…



Points faibles

Ok, après avoir dit tout ça, il va m’être difficile de trouver quelques défauts à ce film… Or finalement, c’est à voir selon les points de vue et les affinités de chacun. On peut ne pas aimer Capra parce que oui, c’est quand même très moralisateur, très américano-centré - encore que le film a été très critiqué à l’époque et accusé d’être anti-patriotique, ce qui d’un point de vue français, semble aujourd’hui assez ridicule. Avant d’être patriotique, le film est surtout pro-démocratie, mais la démocratie américaine, sur les fondements américains. Et ça, ça peut agacer, par exemple lors de la scène au Lincoln Memorial, un peu trop pompeuse (Capra Moment : check !), ou avec l’utilisation de musiques « traditionnelles » / hymnes patriotiques pour les génériques de début et de fin (gros Capra Moment là aussi : re-check !).
On pourrait aussi reprocher au scénario de trop diaboliser les politiques, décrits comme paresseux, corrompus, sourds aux aspirations de leurs électeurs et ne pensant qu’à leurs intérêts personnels. C’est assez vrai, mais le film veut avant tout montrer que l’immobilisme politique peut être « secoué » et surmonté par la volonté d’un seul homme, un leader plein d’idéaux qui émergerait pour les guider. Smith est là pour leur montrer que s’ils veulent changer les choses, rien n’est impossible (on se croirait dans une pub d’Adidas, mais c’est l’idée).


Conclusion

Au final, Mr. Smith Goes To Washington recèle en lui quelque chose de spécial, ce petit plus qui justifie la note que je vais lui donner, et qui fait qu'à la fin du film, j'ai vraiment ressenti une émotion particulière, qui lui donne une place à part dans mon estime. En fait, il m'a semblé monter en puissance tout du long pour finir en apothéose (encore que la toute fin soit un poil abrupte), et le sujet abordé, plus grave, nous touche et fait appel à nos convictions les plus profondes : parce qu'au fond, nous sommes tous des Jefferson Smith... Il est en plus servi par deux acteurs que j'apprécie énormément, James Stewart et Jean Arthur, qui auraient pu, à mon sens, mériter un Oscar. Manque de bol, on était en 1939 et cette année-là est sorti un certain film avec une certaine Scarlett dans une certaine contrée du Sud des Etats-Unis… Il n’empêche, les deux acteurs m’ont fait forte impression, notamment James Stewart que l’on sent vraiment impliqué dans son rôle – pour Jean Arthur, c’est plus une habitude, mais j’aurais certainement l’occasion d’en reparler sur ce blog…


NOTE : 9,5/10