Au terme d’une traversée transatlantique sans accroc, le Général Yen passe en revue le meilleur de ses découvertes en matière de cinéma classique français, des années 1930 aux années 1950 (Partie 2 sur 4).
Acte Deuxième : les acteurs
N°1 : Charles Boyer
Sa carrière étant essentiellement américaine, son style emprunte beaucoup au stéréotype du "french lover", qu'il met à profit dans des romances d'excellente facture (Love Affair ; All This, and Heaven Too ; Hold Back the Dawn). Son apparence sévère et sobre combiné à un regard d'une grande expressivité lui permet de briller en incarnant des personnages dignes mais sentimentalement torturés. Son chef d'oeuvre est incontestablement sa prestation dans Gaslight, film dans lequel il interprète le mari ténébreux et machiavélique d'Ingrid Bergman. Utilisé à contre-emploi dans Cluny Brown, une comédie de Lubitsch, il y révèle un formidable talent comique, insoupçonné...
N°2 : Jean Gabin
Gabin sera peut-être au sommet de ma hiérarchie un jour, tant il y a à dire, sachant qu'il me reste encore beaucoup à découvrir. Il a pour lui d'avoir joué les grandes figures des chefs d'oeuvre du réalisme poétique d'avant-guerre, des héros prolétaires tragiques auxquels il a prêté un style à la fois sympathique et viril (en particulier dans les légendaires Le quai des brumes et Le jour se lève). Il parvient pour moi à un sommet dans Remorques, avec sa manière de débiter les dialogues de Prévert et de peindre les relations de son personnage, taciturne, avec sa femme et sa maîtresse.
N°3 : Maurice Chevalier
A l'opposé de Boyer et Gabin, Maurice Chevalier s'est bâti outre-atlantique une solide réputation de comique charmeur et enjoué, ambassadeur du rêve français fantasmé à Hollywood dans l'entre-deux-guerres. Contant fleurette à la belle Jeanette MacDonald dans ses meilleurs films, des comédies musicales signées Lubitsch (The Love Parade, The Merry Widow) ou Mamoulian (Love Me Tonight), il n'a pas son pareil pour caricaturer le "french lover" en chantant des mélodies d'opérette à grand renfort d'un accent français très prononcé. Egalement excellent, si comme moi vous aimez son style, dans The Smiling Lieutenant, face à Claudette Colbert et Miriam Hopkins, et plus tard, en détective privé / père bienveillant d'Audrey Hepburn dans Love in the Afternoon.
A suivre...
N°3 : Maurice Chevalier
A l'opposé de Boyer et Gabin, Maurice Chevalier s'est bâti outre-atlantique une solide réputation de comique charmeur et enjoué, ambassadeur du rêve français fantasmé à Hollywood dans l'entre-deux-guerres. Contant fleurette à la belle Jeanette MacDonald dans ses meilleurs films, des comédies musicales signées Lubitsch (The Love Parade, The Merry Widow) ou Mamoulian (Love Me Tonight), il n'a pas son pareil pour caricaturer le "french lover" en chantant des mélodies d'opérette à grand renfort d'un accent français très prononcé. Egalement excellent, si comme moi vous aimez son style, dans The Smiling Lieutenant, face à Claudette Colbert et Miriam Hopkins, et plus tard, en détective privé / père bienveillant d'Audrey Hepburn dans Love in the Afternoon.
A suivre...
Sans surprise de ma part, le commentaire sera plus court ici que du côté des actrices.
RépondreSupprimerJ'adore Charles Boyer (Conquest, Love Affair, All This and Heaven Too, Hold Back the Dawn, The Constant Nymph, Gaslight, Cluny Brown, Madame de... Nana), mais comme on le voit, je le connais surtout pour ses rôles américains, dans lesquels il est cependant très « français », si l'on puis dire. A l'inverse, je supporte Maurice Chevalier à très petites doses. Pour être honnête, je pense que sa personnalité est une bonne contribution aux films musicaux de Lubitsch et Mamoulian, mais quel cabotin, tout de même!
Reste le cas Jean Gabin: je pense qu'il est l'acteur français le plus emblématique de l'âge classique, et que sa filmographie est pour le moins superbe (Pépé le Moko, La Grande Illusion, Le Quai des brumes, Le Jour se lève, Le Plaisir), sans parler de Remorques, dont tu parles avec enthousiasme mais que je n'ai pas revu depuis plus de quinze ans. Gabin est certainement un acteur de talent mais je ne suis pas absolument réceptif à sa personnalité cinématographique (peut-être un peu trop renfrogné à mon goût). Dans le style prolétaire, je lui préfère Albert Préjean, dont la filmographie fait pâle figure par comparaison mais dont la gouaille joyeuse et musicale me séduit amplement dans Sous les toits de Paris, La Crise est finie ou encore Dédé.
En excluant le très américanisé Charles Boyer, il est possible que mon acteur français classique favori soit Pierre Fresnay qui me séduit dans différents registres: aristocratique dans La Grande Illusion, désœuvré dans La Charrette fantôme, détective et faux prêtre hilarant dans L'Assassin habite au 21, ou encore enquêteur cette fois-ci sérieux dans Le Corbeau. A découvrir ailleurs, mais ces quatre films sont déjà un gage de haute qualité.
J'ai besoin d'en voir davantage pour déterminer qui seraient mes autres acteurs français préférés, mais à ce stade, j'ai aimé: Harry Baur (Les Misérables, Un Carnet de bal), Jules Berry (Le Jour se lève, Les Visiteurs du soir), Jacques Brunius et Georges Darnoux (Partie de campagne), Julien Carette (La Grande Illusion, La Règle du jeu), Fernand Charpin (Pépé le Moko), Jean Debucourt (Le Diable au corps), Saturnin Fabre (Battement de cœur), Victor Francen (La Fin du jour), Daniel Gélin (Édouard et Caroline), Fernand Gravey (La Nuit fantastique), Lucas Gridoux (Rapt, Pépé le Moko), Marcel Herrand (Les Enfants du paradis), le très controversé Robert Le Vigan (Le Quai des brumes), Pierre Mingand (Mauvaise Graine), Jean Murat (La Kermesse héroïque), Jean Parédès (Caprices), Raimu (Un Carnet de bal), Noël Roquevert (L'Assassin habite au 21), Charles Vanel (Courrier Sud, Le Salaire de la peur), Geymond Vital (Rapt), et enfin Erich von Stroheim, qui a assez tourné en France pour être listé ici (La Grande Illusion). Pour les années 1950, il me faudrait revoir les films d'Yves Montand, parce que je ne me souviens pas de ses prestations.
Mon problème avec les comédiens français, c'est que je ne suis malheureusement pas fan des plus connus: Fernandel ne m'inspire pas, Jean-Louis Barrault, Gérard Philipe et Jean Marais m'irritent généralement, et je suis totalement allergique à Michel Simon, dont le jeu me pose vraiment problème. Je sauverai uniquement Louis Jouvet, qui a tendance à me laisser indifférent par sa raideur, mais qui bénéficie d'une forte présence et m'a plutôt convaincu dans Drôle de drame et Quai des orfèvres.
Navré pour ces commentaires trop longs, mais tes articles m'inspirent beaucoup, vraiment.