jeudi 11 octobre 2018

PETITES PERLES FRANÇAISES (1) : LES ACTRICES


Au terme d’une traversée transatlantique sans accroc, le Général Yen passe en revue le meilleur de ses découvertes en matière de cinéma classique français, des années 1930 aux années 1950 (Partie 1 sur 4).


Acte Premier : les actrices

N°1 : Danielle Darrieux
La Reine du cinéma français. Si je ne suis pas un grand enthousiaste de la qualité de ses films (Ophüls me laisse de marbre), elle ne m'a elle-même jamais déçu. Élégante et gracieuse, elle s'est érigée à mes yeux comme une référence absolue grâce à son style inimitable, en particulier dans le registre comique (Battement de cœur). Dans les années 1950, elle développe une présence scénique divine et empreinte de noblesse, qui parvient à sublimer jusqu'à l'ennui (Madame de...) !

N°2 : Michèle Morgan
Un style très différent de Darrieux, plus froid, qui sied parfaitement au genre dramatique par la fatalité exprimée par ses immenses yeux clairs (c'est un lieu commun, mais comment les éviter ?). Sa principale qualité est d'inonder d'une classe incomparable, que l'on retrouve d'ailleurs chez une Lauren Bacall, des films à forte atmosphère, de type "film noir" ou "réalisme poétique" (Le quai des brumes, Remorques, The Fallen Idol).

N°3 : Suzy Delair
L'une des grandes muses de Clouzot. Son charme canaille la rend irrésistible dans deux registres, où elle excelle : "l'enquiquineuse" comique (L'assassin habite au 21) et la femme fatale délicieusement scandaleuse (Pattes blanches). Grâce à sa personnalité pétillante, elle est passée maîtresse dans l'art de rendre attachantes des héroïnes à la moralité parfois plus que douteuse...


A suivre...

3 commentaires:

  1. Ma Sainte Trinité, par ordre alphabétique:

    * Danielle Darrieux: Parfois tragique (L'Amant de Lady Chatterley, Pot-Bouille, Les Yeux de l'amour), parfois très drôle (Un Mauvais Garçon, The Rage of Paris, Battement de cœur, Caprices), parfois tout à la fois (Katia, 8 Femmes), parfois hautaine et distante (5 Fingers), Danielle Darrieux peut également compter sur une filmographie très solide (Retour à l'aube, Ruy Blas, Marie-Octobre, Les Demoiselles de Rochefort, Persépolis) émaillée de chefs-d’œuvres (Le Plaisir, Madame de...). Tu me contesteras sur ce dernier point, mais nous concordons très bien sur sa première place dans nos classements respectifs. J'aime autant ses performances que sa filmographie, de telle sorte que je prends toujours plaisir à la voir à chaque époque. Film préféré: Le Plaisir. Rôle préféré: Battement de cœur.

    * Edwige Feuillère: J'ai besoin d'en voir plus, mais ses performances dans La Duchesse de Langeais, L'Idiot, L'Aigle à deux têtes et Olivia suffisent à la classer comme l'une de mes actrices classiques préférées. D'autres films me séduisent également, dont Golgotha et De Mayerling à Sarajevo, principalement pour leurs qualités visuelles, à tel point que j'ai toujours eu l'impression de gagner au change en regardant un film d'Edwige Feuillère, dont la diction et l'allure imposante sont un régal certain. Film et rôle préférés: Olivia de Jacqueline Audry, la cousine très réussie des Jeunes Filles en uniforme, où la tragédienne brille par son portrait complexe et nuancé d'une directrice de pensionnat lesbienne.

    * Françoise Rosay: Brillamment comique (La Kermesse héroïque) et tragique (Pension Mimosas) la même année, ogresque et hilarante dans Drôle de drame ou L'Auberge rouge, folle et meurtrie dans Un Carnet de bal, ou encore impitoyablement gorgonique et piquante dans Les Yeux de l'amour, Françoise Rosay gagne encore des points pour sa contribution au scénario du chef-d’œuvre Visages d'enfants. Film et rôle préférés: La Kermesse héroïque, un autre chef-d’œuvre de son époux Jacques Feyder, et un sommet de comique scintillant de charisme, dans une très belle ambiance de peinture flamande.

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  2. Autres actrices que j'apprécie:

    * Arletty, qui ne m'inspirait pas de prime abord mais qui m'a définitivement convaincu avec Pension Mimosas, Le Jour se lève et Les Visiteurs du soir.

    * Renée Faure, qui m'a totalement captivé dans La Chartreuse de Parme, et pique toujours l'intérêt (Les Anges du péché, Le Juge et l'Assassin).

    * Elina Labourdette, sublime et délicate dans diverses émotions avec Les Dames du Bois de Boulogne, Édouard et Caroline et Lola.

    * Dita Parlo, dotée d'une belle présence dans Rapt, le chef-d’œuvre de Dimitri Kirsanoff, et La Grande Illusion, le chef-d’œuvre de Renoir.

    * Simone Renant, exquise dans La Tentation de Barbizon, et absolument parfaite en photographe indépendante et lesbienne dans le chef-d’œuvre de Clouzot, Quai des orfèvres.

    * Viviane Romance, dont je n'attendais rien et qui m'a totalement subjugué dans un mélodrame impossible, Vénus aveugle, et plus encore dans des rôles de perverses manipulatrices « pas si méchantes que ça » dans L'Affaire du collier de la reine (une réussite méconnue) et la ridicule Affaire des poisons.

    * Nadia Sibirskaïa, une actrice aux yeux très expressifs, éblouissante dans Rapt et Ménilmontant.

    Je suis étonnamment fan de Martine Carol, qui n'a pas la réputation d'être une bonne actrice, mais dont la gouaille me divertit au plus haut point, principalement dans Nana. J'ai adoré Véra Clouzot dans Les Diaboliques mais je la connais trop peu. Suzy Delair est hilarante dans L'Assassin habite au 21 mais je ne la classerai pas (encore?) parmi mes favorites. La légendaire Lise Delamare m'a récemment séduit dans Pension Mimosas et les scènes finales du remake de Forfaiture. Gabrielle Dorziat m'intéresse terriblement, en particulier pour son joli second rôle dans La Fin du jour, mais j'ai besoin d'en voir plus. J'ai eu un petit coup de cœur pour Micheline Francey dans La Charrette fantôme et Le Corbeau. Michèle Morgan est renversante de grâce et de beauté, mais je n'ai pas encore trouvé la performance éblouissante que j'attends d'elle, malgré une excellente filmographie comptant Le Quai des brumes et The Fallen Idol. Micheline Presle m'est fort sympathique mais je ne suis pas encore transcendé à ce stade. Simone Signoret est immense dans Room at the Top, mais parmi les plus grandes et légendaires actrices de langue française, elle est possiblement celle qui me séduit le moins.

    Ça n'entre pas en compte dans la chronologie imposée, mais concernant le cinéma muet, j'ai trouvé Edith Jéhanne extrêmement belle dans Le Joueur d'échecs et Tarakanova. Elle y est également compétente, mais totalement éclipsée par deux actrices que je ne connaissais pas mais qui m'ont instantanément conquis : Paule Andral et Marcelle Dullin. Mon prochain article devrait leur être consacré.

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    1. Comme toujours, tu me donnes beaucoup d'idées. J'ai de quoi continuer mes explorations pour, un jour peut-être, actualiser cet article. Merci !

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