dimanche 1 octobre 2017

MEILLEURE ACTRICE 1932

Le Général Yen passe en revue les meilleures actrices de l'année 1932...


La favorite du Général : CONSTANCE BENNETT pour What Price Hollywood? 
Un rôle bâti pour les Oscars. Une présence scénique fabuleuse. Une voix qui intrigue, oscillant entre tons rauques et pétillants. Voilà les atouts de Constance qui, dans un film critique envers le "système" de la fabrique à stars, nous offre une performance majuscule. La facilité déconcertante qu'elle déploie pour illustrer la transformation de la serveuse ambitieuse en star capricieuse mais attendrissante, alliée à son charme et son élégance indépassable, en font l'une des plus belles prestations du début des années 1930.


Le tableau d'honneur

Elles l'ont courtisé, il ne les a pas élues. Mais le Général est magnanime, voyez plutôt :

- KAY FRANCIS pour One Way Passage : C'est l'année Kay Francis, alors avec quatre grands rôles tous aussi croustillants les uns que les autres (dans Trouble in Paradise, Jewell Robbery, Man Wanted et One Way Passage), difficile de trancher. Je choisis One Way Passage pour l'intensité mélodramatique forte et néanmoins juste et sobre ainsi que pour la symbiose quasi poétique qu'elle entretient avec William Powell, dans un film que je ne peux que qualifier de sublime. 

- MIRIAM HOPKINS pour Trouble in Paradise : Quoique j'adore Kay Francis dans ce film, Miriam Hopkins n'en est pas moins lumineuse. Sa capacité comique et émotionnelle est peut-être à son sommet dans cette petite perle signée Lubitsch. Ses mines hilarantes, ses répliques ironiques, son alchimie avec Herbert Marshall et sa "jalousie" de Kay Francis sont à ne manquer sous aucun prétexte. 

- JEAN HARLOW pour Red-Headed Woman : Le mythe Harlow trouve ici tout son sens. La sulfureuse "blonde platine" (qui ici est rousse !), la plus grande prédatrice on-screen de l'époque, n'a jamais été aussi sensuelle et pourtant si humaine : si forte et si faible à la fois. Un personnage délicieusement antipathique à Hollywood, c'est suffisamment rare pour être souligné.

- MARLENE DIETRICH pour Shanghai Express : Son jeu "parlé" a beau être décevant (diction peu naturelle, même pour une Allemande), elle possède une telle classe  dans son jeu de corps et de regard qu'elle parvient à ensorceler son public, et à dominer le film tout en faisant ressortir le tragique et l'humilité de son personnage.


La revue terminée, le Général prend une pause bien méritée. Son célèbre thé recèle bien des mystères...

Le Thé du Général
- Fleuri : Jeanette Macdonald (One Hour With You), qui fait des ravages avec son talent comique très pré-code.
- Exotique : Maureen O'Sullivan (Tarzan, the Ape Man), qui campe le personnage le plus intéressant du film avec une certaine fougue et beaucoup de charme.
- Savoureux : Joan Crawford (Grand Hotel), pour moi le meilleur second rôle de l'année, ce qui lui vaut une mention ici, pour sa capacité à s'imposer au sein d'un casting de luxe et son alchimie avec les deux Barrymore.
- Pétillant : Marion Davies (Blondie of the Follies), une explosion d'émotions et d'humour dans son regard et sur les traits de son visage, au sein d'un film très moyen.
- Puissant : Joan Blondell (Three on a Match), d'une grande présence face à Ann Dvorak et une jeune Bette Davis.
- Piquant : Myrna Loy (The Animal Kingdom), qui dépeint d'une façon très justement contrastée une épouse jalouse et malicieuse, mais désemparée et combative.
- Doux : Ann Harding (The Animal Kingdom), qui donne une grande profondeur, empreinte d'humanité et de pudeur, à un personnage aux mœurs réprouvées par la société de l'époque, sans pour autant tomber dans l'angélisme et la naïveté.
- Sucré : Carole Lombard (Virtue), qui incarne avec justesse un personnage très pré-code, sexy et rebelle, loin de ses futures excentriques de la screwball comedy.
- Corsé : Irene Dunne (Back Street), beaucoup d'émotion et de justesse, qui lui permettent de dominer facilement le film, mais un intérêt limité.

1 commentaire:

  1. En revanche, si nous concordons bien sur 1930, c'est moins le cas avec 1932. Mais c'est l'année qui me pose le plus de difficultés pour l'ensemble de la décennie.

    J'aime à peu près également, et sans toutefois être réellement transporté par aucune d'entre elles, les performances suivantes:

    * Tallulah Bankhead dans Faithless: charismatique, et passant très bien de la légèreté mondaine au drame.

    * Ruth Chatterton dans Frisco Jenny: j'ai été très agréablement surpris lors d'une récente découverte.

    * Marlene Dietrich dans Shanghai Express: trop fascinante pour être ignorée, et vraiment touchante dans le drame.

    * Irene Dunne dans Back Street: techniquement une performance vraiment parfaite, qui ne verse jamais dans le pathos, mais je n'arrive pas à crier au génie absolu comme certains cinéphiles.

    * Kay Francis dans Trouble in Paradise: elle est également très bien dans One Way Passage, mais c'est bien sa mondaine irrésistible de classe, même lors qu'elle est dupée, qui me séduit le plus.

    * Jean Harlow dans Red-Headed Woman: souvent très drôle, et la tonalité comique du film rend d'ailleurs l'histoire plus crédible que le similaire Baby Face, à mon goût.

    * Miriam Hopkins dans Trouble in Paradise: effectivement hilarante derrière ses lunettes de secrétaire modèle, mais aussi émouvante dans sa jalousie.

    * Jeanette MacDonald dans One Hour with You: sans doute ma performance préférée de l'année, où son air niais d'épouse heureuse, ses grimaces de femme jalouse et son charme fou lorsqu'elle repousse les avances d'un soupirant sont à hurler de rire!

    A qui il faut ajouter Constance Bennett dans What Price Hollywood?, sans doute le rôle où je la préfère, mais elle n'arrive jamais à se hisser dans les hautes sphères de mes sélections. Ce sera à redécouvrir avec plaisir, néanmoins. Marion Davies dans Blondie of the Follies, que je retiens davantage pour son imitation de Garbo que pour l'ensemble de sa performance, je plaide coupable. Helen Hayes dans A Farewell to Arms: à revoir, mais il me semble l'avoir aimée dans ce rôle à l'époque. Myrna Loy dans The Animal Kingdom: une Myrna Loy brillant dans un rôle antipathique, avant sa transition vers des personnages plus comiques et plus "vertueux".

    Bref, une année difficile, comme je le disais, car toutes ces performances sont au même niveau dans mon esprit. Ont une petite longueur d'avance: Marlene Dietrich et Jeanette MacDonald, mais la suite du top 5 est encore bien trop mouvante.

    A découvrir: Carole Lombard dans Virtue.

    Le second rôle indéniable de l'année: Joan Crawford dans Grand Hotel!

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