dimanche 8 octobre 2017

MEILLEURE ACTRICE 1930


Le Général Yen passe en revue les meilleures actrices de l'année 1930, une année qui voit les derniers feux du muet affronter une armada de "talkies" aux qualités inégales. Parmi les "women's pictures", dont sont extraites la plupart des performances citées dans cet article, prédominent les comédies mondaines et de remariage, ce qui donne un net avantage aux actrices possédant dans leur manche un atout de charme chic et raffiné. Mais cela ne suffit pas pour l'emporter...



La favorite du Général : MARY DUNCAN pour City Girl 
Avec City Girl, un film muet à l'esthétique remarquable par sa beauté sobre, F. W. Murnau donne le rôle de sa vie à Mary Duncan. Dotée d'une expressivité intense calibrée pour le cinéma muet, l'actrice dévoile subtilement toute une panoplie d'émotions, sans surjouer, ce qui lui permet à mes yeux, pour cette année 1930, de maintenir la suprématie du jeu muet sur le parlant. Elle incarne ici Kate, une jeune citadine à la forte personnalité, sexy et provocante, qui fait une irruption remarquée dans le quotidien d'une famille de la campagne. Si le scénario met en exergue l'opposition fille des villes vs. hommes des champs, le jeu de Mary, quant à lui, souligne les conflits internes d'une jeune femme qui verra ses certitudes éprouvées par les réactions hostiles à son arrivée - celle d'une intruse - dans un monde qui, pour certains, ne sera jamais le sien. 


Le tableau d'honneur

Elles l'ont courtisé, il ne les a pas élues. Mais le Général est magnanime, voyez plutôt :

- ANN HARDING pour Holiday : Oui, mon jugement est biaisé puisque j'adorais déjà ce personnage dans la version de 1938. Mais, même si j'ai une préférence pour la merveilleuse Linda incarnée par Katharine Hepburn, l'héroïne de 1930 est délicieusement envoûtante. Ann Harding la campe elle aussi de manière assez théâtrale, de façon probablement assez similaire à la pièce d'origine, mais elle est plus nuancée que Kate. Il s'agit peut-être de son rôle le plus abouti, sans aucun doute le plus lumineux.

NORMA SHEARER pour The Divorcee : Voilà une Norma que j'aime tout particulièrement. Dans un film très en avance sur son temps, mais qui manque hélas de dynamisme, elle sort du lot par sa présence à l'écran et son naturel désarmant. Qui plus est, elle domine les hommes avec classe et impose une vision moderne de la femme.

NANCY CARROLL pour The Devil's Holiday : Le charme opère tout de suite chez Nancy Carroll avec ce rôle qui permet à l'actrice de pétiller littéralement à l'écran en jeune "chercheuse d'or" a priori sans scrupules, qu'elle rend sympathique par sa bonhomie comique. La transition vers la femme inquiète et amoureuse est un peu brutale, due au scénario, mais l'émotion est au rendez-vous : on ne peut qu'adhérer.

MARLENE DIETRICH pour Morocco : Dans un film au charme exotique indéniable, Marlene envoûte deux hommes ainsi que moi-même, tout cela avec une certaine pudeur qui rajoute à son aura. Un regard comme souvent puissant. Sa prestation en fin de film est emplie d'une émotion majestueuse.



La revue terminée, le Général prend une pause bien méritée. Son célèbre thé recèle bien des mystères...

Le Thé du Général
- Noble : Constance Bennett (Sin Takes a Holiday), qui après un début de film agrémenté d'un charme discret se retrouve dans la peau de son personnage fétiche, la mondaine séductrice au regard pétillant et aux répliques mordantes.
- Corsé : Barbara Stanwyck (Ladies of Leisure), qui donne déjà un joli aperçu de ses talents et de sa personnalité à l'écran, bien affirmée.
- Sucré : Jeanette MacDonald (Monte Carlo), irrésistible par son charme comique dans cette comédie musicale imparfaite, mais qui se laisse regarder agréablement.
- Subtil : Nancy Carroll (Laughter), dont le jeu nuancé, allié à celui de son partenaire Fredric March, relève le matériel initial du film et permet de développer le caractère de son personnage, qu'elle ne rend cependant pas aussi attachant qu'elle le pourrait. 
- Fleuri : Norma Shearer (Let Us Be Gay), qui nous offre une performance particulièrement joviale et une transition physique pour le moins spectaculaire, le rôle l'amenant à nouveau à endosser les habits d'une femme divorcée qui se mue en mondaine frivole et séductrice.

2 commentaires:

  1. Je découvre tout juste tes nouveaux articles, ce qui satisfait amplement ma curiosité, car autant je connaissais à peu près tes goûts en matière d'actrices pour la période 1935-1939, autant la première moitié de la décennie était plus incertaine.

    Pour 1930, nous avons quasiment le même top 5, sauf que je remplace Ann Harding, un tout petit peu trop théâtrale mais autrement parfaite, par Barbara Stanwyck, qui m'émerveille absolument dans son premier Capra. Je suis d'autre part ravi de retrouver l'éblouissante Mary Duncan dans ta sélection, ainsi que Marlene Dietrich, fascinante malgré une palette expressive limitée.

    Norma Shearer me semble incontournable cette année pour ses deux rôles de divorcées épanouies, mais la plus grande surprise vient pour moi des mentions de Nancy Carroll, que je croyais être le seul à aimer! Je ne sais jamais pour quels rôles nommer ces deux actrices: dans l'humeur du moment, La Divorcee reprend le pas sur Let Us Be Gay pour Norma, mais je me demande de plus en plus si je ne préfère pas Nancy dans Laughter, accessoirement un meilleur film que Devil's Holiday.

    Mon sixième choix est sans aucun conteste Jeanette MacDonald, qui sauve à elle seule Monte Carlo du naufrage, mais je n'arrive pas à me décider à enlever l'une de mes cinq candidates pour lui faire de la place. Constance Bennett est quant à elle sympathique mais je ne suis pas autant impressionné que par ses collègues.

    Dans celles que tu ne cites pas, je confesse un faible pour Garbo dans Romance, malgré le désastre vocal (rappelons qu'elle est censée être italienne), mais comme la dame me fait toujours beaucoup d'effet dans tout, je suis peut-être trop fan pour être réellement objectif. Autrement, histoire de sortir un peu du monde hollywoodien, j'apprécie Ita Rina dans Tonka Šibenice, mais le scénario plombe vraiment sa performance en cours de route.

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  2. Je suis tout à fait d’accord avec vous ! Les films muets sont incomparables. Les acteurs et les actrices aussi sont en grande partie la raison de ce qui les rend uniques.

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