dimanche 23 novembre 2014

HOLIDAY - Vacances



Réalisation : George Cukor
Société de production : Columbia Pictures
Genre : Screwball comedy
Durée : 95 min
Date de sortie : 15 juin 1938 (USA)
Casting :
Katharine Hepburn : Linda Seton
Cary Grant : Johnny Case
Doris Nolan : Julia Seton
Lew Ayres : Ned Seton
Henry Kolker : Edward Seton
Edward Everett Horton : Professeur Nick Potter
Jean Dixon : Susan Potter




L’HISTOIRE

Après avoir rencontré lors de vacances à la montagne la riche Julia Seton, Johnny Case, jeune homme brillant issu d’un milieu modeste, est présenté à sa famille. Si son désir d’évasion et son manque d’ambition se heurtent au scepticisme du père, un banquier fortuné, ils rencontrent un fort écho auprès du frère alcoolique, Ned, et de la sœur cadette, l’excentrique Linda.


L’AVIS DE GENERAL YEN

Attention, coup de cœur ! Naviguant entre deux eaux, Holiday allie à la pureté comique des grandes screwball comedies les ingrédients d’une subtile romance, le tout donnant un film enthousiasmant. Bâti sur une réflexion autour du conformisme et de la liberté de choix des individus dans un monde où le succès professionnel passe avant l’épanouissement personnel, Holiday bénéficie d’une solide trame narrative, sur laquelle vient se superposer un humour finement ciselé.

Johnny et Julia se sont rencontrés avant même la scène d’ouverture, pendant leurs vacances, et donc, comme hors du temps. Le temps du film correspond à leur retour sur terre : le conte de fées est terminé, ils doivent maintenant apprendre à se connaître dans le monde « réel », celui où l’effet égalisateur des vacances au ski s’estompe et où leur altérité leur apparait au grand jour.

Holiday réunit deux des plus grands acteurs du Golden Age : Cary Grant et Katharine Hepburn. Plus que dans Bringing Up Baby et The Phildelphia Story, pourtant plus célèbres, ils dégagent une réelle alchimie en campant deux personnages que leur originalité rend tout à la fois touchants et attachants.

"Retire young, work old, come back and work when I know what I'm working for, does that make any sense ?"

Valeur sûre de la screwball comedy, Cary Grant répète une nouvelle fois un rôle à succès, dans la veine du Jerry Warriner de The Awful Truth, et qui porte le message du film. La force de Cary Grant est de distiller son comique de geste non seulement dans les scènes les plus propices au rire (des scènes de joie, ou la découverte d’un lieu surprenant par exemple), mais également dans des situations sérieuses (disputes, tristesse de son interlocutrice), ce qui crée un contraste cocasse particulièrement jouissif.


Katharine Hepburn, star fétiche du réalisateur George Cukor (Little Women, The Philadelphia Story, Adam's Rib), fait de son interprétation de Linda Seton un des sommets de sa longue carrière. Si Alice Adams est mon rôle préféré de l’actrice, sa prestation dans Holiday est la plus impressionnante et la plus aboutie.

Personnage haut en couleur, Linda est une jeune femme en conflit avec sa famille, sans pourtant la renier : elle adore sa sœur, mais supporte mal la froide ambition de son père. Se définissant comme le « mouton noir » de la famille, elle rêve d’évasion en se retranchant dans son « refuge », une pièce aménagée par une mère trop tôt disparue. Ce havre de paix est un petit foyer d’humanité au cœur d’une demeure au luxe démesuré (magnificence et gigantisme) et inutile (l’usage de l’ascenseur pour monter au premier étage). Chambre « cosy » fournie en livres et en fauteuils moelleux, réchauffée par un feu brûlant dans l’âtre de pierres, le refuge est à l’image de l’âme et des désirs de Linda.















"I never could decide whether I wanted to be Joan of Arc, Florence Nightingale, or John L. Lewis."

"Looks like me ?"
Ce que j’aime dans ce rôle, c’est la façon qu’à Kate Hepburn d’exprimer l’émotion toute dramatique de Linda sans gâcher un immense potentiel comique, ce qui fait son charme. De sa voix un peu nasillarde, quoiqu’elle n’atteigne pas l’effet produit par la « voix de canard » de Jean Arthur (Mr. Smith Goes to Washington), elle lance au spectateur toute sa fragilité, son mal-être, son désir d’altérité. Et malgré une certaine grandiloquence qui trahit la comédienne qui a foulé les planches de Broadway, sa performance laisse une trace indélébile, qui bénéficie au film tout entier.

Autour de ces deux stars, on trouve de très solides rôles secondaires qui enrichissent le film. Si Doris Nolan, qui joue Julia Seton, est un peu écrasée par le charisme des premiers cités, je décerne une mention spéciale à Lew Ayres, dont le rôle du frère victime des exigences paternelles est plus profond qu’il n’y parait (ses répliques sont parmi les plus fines), et surtout à Edward Everett Horton et Jean Dixon, qui forment le couple d’amis de Johnny, Mr. et Mrs. Potter. Totalement déjantés, ils incarnent ironiquement le bon sens et la raison, qu’ils dispensent à grands coups d’efforts comiques, comme lors de leur petit spectacle de marionnettes…




Conclusion

Holiday est le film de Katharine Hepburn que je cherchais tant. On a beau la présenter comme la plus grande actrice d’Hollywood, ses (bons) films n’arrivaient pas jusqu’alors à me transcender, malgré de superbes performances (Alice, tu n’y es pour rien). J’ai beaucoup apprécié Stage Door (avec Ginger Rogers) et Woman of the Year (avec Spencer Tracy), mais il me manquait le petit frisson supplémentaire, que m’apporte Holiday.

NOTE : 9/10





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