C’est l’une de mes actrices préférées qui s’est éteinte hier
et je ne pouvais pas manquer de lui rendre l’hommage qui lui est dû, à elle, l’actrice
la plus classe de tous les temps selon mon avis très objectif : Lauren Bacall. Focus sur ses 5 plus belles performances…
N°5 : Amy North dans YOUNG MAN WITH THE HORN –
La Femme aux Chimères
Dans ce film de Michael Curtiz qui dénote par l’originalité
de son sujet (le jazz), Lauren campe Amy North, une femme irrésistiblement séduisante
et fascinante : en épousant le héros joué par Kirk Douglas, elle va exercer
une influence néfaste sur lui et précipiter sa déchéance.
Ce que j’aime dans cette Amy North, c’est d’abord le style femme fatale de Lauren. Ne vous y
trompez pas, c’est l’une des seules fois qu’elle joue ce type de rôle, car
malgré son apparition dans des films noirs de légende, elle y supporte le héros plus qu’elle ne lui
nuit. Et Lauren Bacall en Amy North, ça donne une véritable « femme
vampire », qui capte la substance vitale du génial trompettiste et le
détourne de sa raison de vivre. On en redemande.
N°4 : Nora Temple
dans KEY LARGO
Ce huis-clos étouffant à l’ambiance électrique voit Lauren
jouer Nora Temple, la veuve d’un soldat qui vit chez son beau-père et tombe
amoureuse du compagnon d’armes de son défunt mari (joué of course par Humphrey
Bogart, plus viril que jamais dans la chaleur du sud de la Floride).
Le personnage de Nora est secondaire à l’intrigue, qui suit
avant tout la magnifique confrontation entre Edward G. Robinson et Humphrey Bogart,
pleine de suspense. Mais son charme irrigue à flots la première partie du film :
la mise en scène très esthétique, typique du film noir, la sublime comme jamais.
N°3 : Vivian Sternwood Rutledge dans THE BIG
SLEEP – Le Grand Sommeil
Ce film est souvent considéré comme son meilleur. Pas pour
moi : non seulement elle a fait mieux (patience, patience !) mais surtout,
le film, quoique remarquable par son atmosphère (un sommet du film noir), s’embarque
dans une intrigue si complexe qu’elle nous perd.
Et pourtant, elle a bien des atouts, cette Vivian, et c’est
vrai que l’alchimie Bogart-Bacall magnifie le film, comme toujours !
Lauren porte à merveille les ambiguïtés d’un personnage aux faux airs de femme fatale, qui semble osciller constamment
entre soutien au héros et poursuite de ses intérêts particuliers. J’aime
beaucoup, mais le scénario ne lui offre pas son plus beau rôle.
N°2 : Irene Jansen
dans DARK PASSAGE – Les Passagers de la Nuit
J’adore ce film pour une raison en particulier : la
première partie est filmée du point de vue d’Humphrey Bogart. Et le moins
que l’on puisse dire, c’est que le spectacle vaut le coup d’œil, quand il est
vu par les yeux de « Bogie » on ne voit que Lauren !
Elle mène Dark Passage de bout en bout grâce à cette mise en scène originale
et à une prestation superbe : elle est touchante, cette Irène Jansen, qui
prend le parti d’héberger un prisonnier en fuite, qu’elle croit innocent. Le
personnage est étudié sous tous les angles de la caméra, qui traque la moindre
de ses émotions (et elles foisonnent, sous cette timidité de façade !). C’est
beau, tout simplement.
N°1 : Mary « Slim » Browning dans TO
HAVE AND HAVE NOT – Le Port de l’Angoisse
“You don’t have to do anything or say anything. Not a thing ! Or maybe just whistle. You know how to whistle, don’t you, Steve ? You put your
lips together… and blow !”
“[Si vous avez besoin de moi] vous n’avez pas à faire quoi
que ce soit. Sauf siffler. Vous savez siffler, Steve ? Vous n’avez qu’à
serrer les lèvres… et souffler !”
Ah, la claque, la classe ! Tout est résumé dans cette
scène mythique. Bogart et Bacall au sommet dans un film qui ne l’est pas moins.
Cette adaptation libre d’un roman d’Hemingway est le premier film de Lauren, et
son meilleur. C’est le film du coup de foudre à l’écran et en dehors, un moment
unique se joue sous nos yeux, un couple se forme à l’écran. Comme en coulisses,
l’alchimie entre les deux acteurs ne fait que croître au fil des minutes, et la
sensualité classe et sobre qui s’en dégage est éblouissante.
Cette « Slim » ressemble à un jeune bourgeon sur
le point d’éclore, comme la carrière de son interprète, et Lauren rivalise de
charisme avec le viril Bogart. Elle le toise de ses 19 ans et lui, le quadra, le
vieux loup de mer coincé sur cette île dans un monde en guerre, semble trouver
refuge dans ses grands yeux clairs. Magnifique.
Ah... What a
movie ! What an actress...
Sacré Général... toi je sens que tu as regretté de ne pas avoir posté d'article sur Lauren avant...^^
RépondreSupprimerSinon évidemment, très grande actrice Lauren Bacall, qui aurait peut-être pu faire une plus grande carrière encore si elle n'avait pas été si associée à Bogart (en même temps, c'est ça qui l'a révélée...).
Ses quatre films avec Bogart suffisent à en faire une grande.
RépondreSupprimerJ'ajouterais à ces cinq performances dans des films sombres une prestation de comédie : Designing Woman (La femme modèle). Elle forme avec Gregory Peck un couple à la Katharine Hepburn / Spencer Tracy : bonne alchimie, fort potentiel comique, et un arrière-plan de "guerre des sexes" grinçant à souhait. Et en plus, c'est en couleur !