Réalisation : Rouben Mamoulian
Société de production : Metro-Goldwyn-Mayer
Genre : Drame historique
Durée : 97 min
Date de sortie : 26 décembre 1933 (USA)
Casting :
Greta Garbo : la reine Christine de
Suède
John Gilbert : Don Antonio de la Prada
Ian Keith : le comte Magnus Gabriel De la
Gardie
Lewis Stone : le chancelier Axel Oxenstierna
L’HISTOIRE
Quand son père meurt au champ d’honneur en 1632, sa fille Christine accède
au trône de Suède alors qu’elle n’est encore qu’un enfant. Elevée à la garçonne,
c’est travestie en jeune homme qu’elle fait la connaissance au cours d’une de
ses escapades du bel Antonio, diplomate espagnol chargé d’un message de son
souverain pour la reine de Suède...
L’AVIS
DE GENERAL YEN
Greta Garbo, c’est un mythe. Et l’on ne prend pas un
mythe à la légère, sous peine d’être déçu. Aussi ai-je bien pris le soin de
sélectionner le film qui, indépendamment de la prestation de l’actrice, avait
le plus de chances de me plaire. Or quoi de mieux pour moi, passionné d’histoire
suédoise, que d’aborder la filmographie de la plus grande actrice suédoise dans
le rôle d’une souveraine suédoise des plus illustres ?
Fort de ce constat, je me suis lancé à l’assaut du mythe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une réussite, que dis-je, une victoire totale par reddition sans condition des forces adverses : non seulement le film est mené de main de maître, mais surtout, j’ai jeté toutes mes réserves précautionneuses aux orties devant la prestation de son actrice star, qui m’a tout simplement fasciné.
Fort de ce constat, je me suis lancé à l’assaut du mythe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une réussite, que dis-je, une victoire totale par reddition sans condition des forces adverses : non seulement le film est mené de main de maître, mais surtout, j’ai jeté toutes mes réserves précautionneuses aux orties devant la prestation de son actrice star, qui m’a tout simplement fasciné.
Pourquoi dis-je
que Queen Christina est mené de main de maître ? Démonstration. Ce que je demande à un film historique, c’est
de m’offrir un spectacle à la hauteur des événements décrits ou, en l’occurrence,
du personnage dont il est question. Quand on traite d’un souverain, on voit les
choses en grand.
D'abord, le film possède un
scénario équilibré, qui adapte la réalité en intégrant la dose de fiction
romanesque, donnant ainsi une couleur d’épopée au récit historique. Queen Christina ne se veut évidemment
pas une reconstitution fidèle de la vie de son héroïne. Le film se base sur la
personnalité attestée de la reine, réputée indépendante et libre d’esprit, pour
forger un personnage à la passion débordante, en contraste avec l’austérité toute luthérienne de
son ministre, le chancelier Oxienstierna (Lewis Stone). Les conversations entre
ces deux-là sont d’un grand intérêt, car on entre alors dans les arcanes du
pouvoir, on assiste à la façon dont gouverne la reine. Le film se concentre
sans surprise sur la vie romantique de la reine Christine, en alliant le vrai
(les relations avec son favori Magnus De la Gardie et sa dame de compagnie, Ebba
Sparre) et le fictif (sa rencontre avec don Antonio). Il est d’ailleurs
intéressant de voir ici que le réalisateur n’a pas cherché à occulter la
bisexualité de Christine. Eh oui, en 1933 le Code Hays n’est pas encore passé
par là.
"It's all a question of climate. You cannot serenade a woman in a snowstorm."
Deuxième élément
requis : de beaux décors d’époque. Le noir et blanc ne seyant pas vraiment
aux films d’aventure, il faut compenser en montrant par exemple beaucoup de scènes d'intérieur et des scènes d’extérieur "nocturnes". Ici, on est en Suède, ce qui permet d’introduire
des paysages enneigés, qui passent très bien à l’écran.
Et enfin, il me
faut de la performance dans le jeu d’acteur, et pas qu’un peu ! On est
dans les années 30, que diable ! Quand une reine parle, on lui donne de l’élocution,
de la classe et du charisme ! Il faut que l’on sente la majesté du
roi-héros devant nous, que l’on ressente la fascination que pouvaient avoir ses
contemporains pour lui/elle ! Et à ce petit jeu, très peu d’actrices
égalent une Garbo à son meilleur niveau.
Car oui, je
crois avoir compris pourquoi l'on surnommait Greta Garbo la « Divine ». Le rôle d’une reine, suédoise qui plus est, lui sied
à merveille. Très théâtrale (comme Katharine Hepburn – ce doit être la
marque des grand(e)s), elle semble au cours du film faire déferler à l’écran
les émotions qui tiraillent son royal personnage. Ce type de performance, qui
pourrait paraître surjouée si ce n’était le rôle, convient parfaitement à l’idée
que je me fais d’une grande reine légendaire. Garbo nous offre du spectacle à
elle seule. Pas besoin du renfort d’effets spéciaux grandioses et magnifiques,
la performance se suffit à elle-même. Ce qui est fascinant, car assez rare, en
définitive.
"I have quite a collection of royal portraits. My suitors usually come in oil. And I've kept them - because I love a good painting."
Conclusion
Un mythe, en
effet. Le mot est tout trouvé pour décrire l'effet que peut ressentir le spectateur en voyant Greta Garbo à l'écran. Dans Queen Christina, un film qui lui permet de donner la pleine mesure de son talent, elle parait de fait évoluer hors
du temps, dans une dimension extra-terrestre. Divine.
NOTE : 9/10