BACK STREET
Film de 1932, réalisé
par John M. Stahl, avec Irene Dunne et John Boles.
L’histoire : une femme, éperdument amoureuse d’un homme marié, devient
sa maîtresse mais est condamnée à vivre perpétuellement dans l’ombre.
Back Street nous plonge
dans le charme suranné de ces vieux films des tout-débuts du parlant,
impression renforcée par l’époque dépeinte : en 1900, Ray Schmidt, une
jeune femme vive, épanouie et qui entend profiter de sa vie à pleines dents,
tombe amoureuse… Las, après plusieurs malentendus, l’homme qu’elle aime en
épousera une autre, et quand il reviendra dans sa vie, elle sera confrontée au
choix de se contenter d’être sa maîtresse, ou de le perdre à jamais.
Ce film nous propose donc une
ambiance très particulière, et très réussie – typiquement
« pré-code », puisque l’on est quand même amené à prendre fait et
cause pour une relation adultère. Irene
Dunne, dans le rôle de Ray Schmidt, est remarquable, sachant interpréter
les évolutions de son personnage tout en finesse : la jeune fille enjouée
des débuts, la femme délaissée puis la vieille dame digne et mélancolique.
Car il y a en effet une certaine mélancolie
qui se dégage de l’œuvre, qui montre une femme résignée à son sort et qui
assumera jusqu’au bout les conséquences de son choix. Le plus intéressant est
qu’il n’y a pas de « méchants » dans cette histoire : ni Ray,
maîtresse d’un homme marié mais tellement attachante ; ni cet homme, que
l’on pourrait penser cruel et détestable mais qui semble plutôt coincé par les
aléas de la vie ; ni, non plus, la famille de cet homme… La fin du film
n’en est d’ailleurs que plus belle et émouvante.
EASY LIVING – La vie
facile
Film de 1937, réalisé
par Mitchell Leisen, avec Jean Arthur, Edward Arnold et Ray Milland.
L’histoire : une jeune femme pauvre est prise par erreur pour la
maîtresse d’un riche homme d’affaires, et se voit comblée de cadeaux pour
gagner ses faveurs.
Place ici à une screwball comedy des
plus drôles portée par une Jean Arthur
au meilleur de sa forme, incarnant une « working girl » sympathique
et désargentée face au tout puissant businessman interprété par Edward Arnold. Le
film est emmené sur un rythme effréné où les situations les plus improbables
s’enchaînent, quiproquo après quiproquo : Jean Arthur sera ainsi prise
pour l’amante d’Arnold, et sera assaillie de cadeaux aussi incongrus les uns
que les autres par ceux qui espèrent gagner les faveurs du businessman.
Comme souvent dans les comédies
de l’époque, le rire est amené par le décalage entre les situations sociales
des principaux protagonistes et leurs attitudes globalement opposées : le
rêve du personnage de Jean Arthur est de posséder un chien, elle récupère un
manteau de fourrure ; elle vit dans un logement très bon marché mais se voit
invitée dans un palace, etc.
Jean Arthur révèle encore une
fois tout son talent comique dans cette comédie débridée, marquée par des
scènes cultes, comme la fameuse scène du téléphone, qui constitue une vraie
performance d’actrice.
STAGE DOOR – Pension
d’artistes
Film de 1937, réalisé par Gregory La Cava, avec Katharine Hepburn, Ginger
Rogers et Adolphe Menjou.
L’histoire : les hauts et les bas des habitantes d’une pension pour
comédiennes, qui tentent de réaliser leur rêve de devenir des actrices
célèbres.
Stage Door est un subtil
mélange de comédie et de drame, racontant les affres des jeunes filles arrivant
à New York pour y devenir comédiennes. L’ambiance de la pension pour jeunes
femmes y est très bien rendue et très intéressante, entre petites
chamailleries, rivalités mais surtout, amitiés et solidarité.
Katharine Hepburn joue une fille de la haute société espérant
percer en tant qu’actrice, cependant ses manières « snob » lui jouent
des tours et lui valent les railleries des autres filles. S’oppose à elle toute
la gouaille comique de Ginger Rogers,
que j’ai découverte et beaucoup aimé dans ce film, et qui délivre réplique
culte sur réplique culte – pour lesquelles on ne peut que remercier le talent
des scénaristes. La scène de rencontre des deux actrices, notamment, est
particulièrement drôle.
Le film tend pourtant à
s’assombrir car, loin de rester une simple comédie, il insiste sur le caractère
précaire de ces jeunes femmes, qui sont « convoitées » par les hommes
qui ont le pouvoir de leur octroyer un rôle, et doivent supporter la pression
d’échecs répétés. Avant qu’enfin, vienne l’opportunité de leur vie…
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