Scénario : Jo Swerling
d'après une histoire de Harry Chandlee et Douglas W. Churchill
Producteurs : Frank Capra
et Harry Cohn
Société de production :
Columbia Pictures
Genre : Comédie
Durée : 89 minutes
Date de sortie : 31 octobre
1931 (USA)
Casting :
Robert Williams : Stew Smith
Jean Harlow : Ann Schuyler
Loretta Young : Gallagher
Halliwell Hobbes : Smythe, le domestique
Edmund Breese : Conroy, l’éditeur
Reginald Owen : Dexter Grayson
Louise Closser Hale : Mme Schuyler
Donald Dillaway : Michael Schuyler
L’HISTOIRE
Le reporter Stew Smith enquête
sur la rupture de fiançailles du riche playboy Michael Schuyler, et tombe
amoureux de sa sœur Ann, qu’il épouse au grand dam de la famille de celle-ci et
de son amie de longue date, sa collègue journaliste Gallagher. Mais, alors
qu’Ann espère le transformer en un parfait gentleman, Stew n’aspire qu’à
continuer à vivre comme avant…
L’AVIS DE FU MANCHU
Si, avant de voir ce film, je savais que l’intrigue allait me plaire,
je ne pensais pas que La Blonde
Platine allait me séduire autant – sans jeu de mots… Pourtant, je
m’imaginais avoir fait le tour de Capra, ayant déjà visionné une bonne
brochette de ses films, souvent pour le meilleur (Mr. Smith Goes to Washington, It’s a Wonderful Life…) ou pour du moins bon (It Happened One Night, désolé
Frank mais je n’ai pas accroché… j’ai du mal avec Claudette Colbert, il est
vrai). Frank Capra, en plus, c’est généralement beaucoup de bons sentiments et
une petite dose de morale avec une fin que l’on voit venir de très loin :
c’est bien fait et ça marche à chaque fois, mais ça peut lasser même un amateur
comme moi.
Or ici, pas de grandiloquence capraienne à l’horizon, mais a priori une
bonne comédie romantique légère et sans prétention, figurant des acteurs que
j’avais envie de découvrir depuis un moment – ayant déjà vu Jean Harlow dans Libeled Lady - ; un bon
film, donc, mais pas de quoi faire un article sur le blog… Et pourtant, Platinum Blonde m’a totalement
conquis sur pas mal d’aspects que je vais maintenant aborder en détail.
L’histoire en elle-même
apporte une bonne base et est suffisamment solide pour maintenir l’intérêt durant
tout le film, tout en étant assez facilement prévisible. Ce qui est intéressant
dans le traitement du film, ce sont les détails et la manière d’arriver à cette
fin : car si le triangle amoureux est classique et rapidement discernable,
la relation entre les personnages de Jean Harlow et de Robert Williams est bien
étudiée, et évite de nombreux pièges scénaristiques en étant finalement assez
« réaliste ». Les problèmes posés par cette histoire d’amour sont
tout à fait crédibles, et on se prend à se demander si Stew Smith va s’adapter
à sa nouvelle vie de château… Ce thème du « Cinderella Man », dans lequel Cendrillon est l’homme qui
épouse la riche héritière, est d’ailleurs très bien abordé, et il est amusant
de noter que, si l’histoire fait rêver les petites filles, les grands garçons sont plutôt enclins à
prendre la comparaison comme une insulte - surtout dans les années 30 où
c’était à l’homme de subvenir, seul, aux besoins de sa famille.
Jean Harlow, dans l’un des
films qui l’ont rendue iconique, trouve dans le personnage d’Ann Schuyler un rôle à
contre-emploi : quoi, Jean Harlow, la blonde platine, joue une « dame
de la haute » ?! On peut être sceptique au départ, et à raison.
Pourtant, bien que Jean soit plus crédible en femme « fatale » et quelque
peu vulgaire, cela marche ici. Bien que je ne la trouve honnêtement pas spécialement belle, elle est souvent attachante, et il est clair qu’elle sait se montrer
très séduisante dans ses face-à-face romantiques avec Robert Williams. Et parce
qu’il y a une tension très sexuelle
entre ces deux-là, l’alchimie prend finalement forme...
Ce film reste une comédie, très bien écrite et portée par le talent comique de Robert Williams et ses
répliques tout en ironie, et par de nombreuses scènes très drôles.
L’éloignement des aristocrates avec la réalité est d’ailleurs très bien rendu,
et on sent la moquerie jubilatoire dans le comportement de Stew Smith quand il
se moque des petites habitudes des maîtres et de leurs valets – notamment cette
propension à saluer en se courbant, qui donne quelques comiques de situation
très réussis… L’alchimie entre les personnages est aussi très présente, que ce
soit entre Loretta Young et Robert Williams (qui font très « couple »
pris sur le fait quand leur chef les découvre en train de faire des messes
basses au début du film), ou entre Williams et Jean Harlow, qui ont un rapport
à la fois sensuel et comique, en témoigne une belle scène de fou rire qui se
communique même au spectateur.
Conclusion
Platinum Blonde est
donc une comédie très réussie, très agréable à regarder et sublimée par un jeu
d’acteurs excellent, notamment Robert Williams qui aurait mérité d’avoir une
carrière beaucoup plus fournie. L’opposition brune/ blonde est classique mais
marche très bien, principalement parce que les deux femmes sont attirantes et
positives à leur propre manière. Jean Harlow ne joue pas une femme fatale, mais
une vraie dame qui essaye de faire entrer l’homme qu’elle aime dans son monde,
et Loretta Young incarne une beauté discrète mais incroyablement charmante… Si
j’aime beaucoup Jean Harlow, qui a finalement un côté très touchant, c’est donc
Loretta Young qui est ma révélation féminine dans ce film, et dont je vais m’efforcer
de découvrir la filmographie plus en avant…
NOTE : 8,5/10
Joli film, sans les "Capra moments" habituels, ce dont je ne me plains pas... L'histoire est intéressante et le film explore son sujet à fond. Je n'accroche pas beaucoup à Jean Harlow, mais elle joue très bien son rôle. Loretta Young est une révélation, quoique dans un rôle secondaire, et que dire de l'acteur principal, Robert Williams, qui aurait sans doute pu être une immense star.
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