Le Général Yen passe en revue les meilleures actrices de l'année 1935, une année qui a la particularité d'abriter deux de ses personnages favoris de l'ère classique (voir à ce sujet cet article) parmi une multitude de mélodrames plus ou moins réussis, mais aussi de quelques comédies remarquables.
Dans mon esprit, parvenir à battre la performance répertoriée juste après n'était pas chose aisée. C'est dire si le personnage de cette jeune orpheline hongroise au caractère pétillant et innocent m'a séduit. En interprétant un rôle comique qui possède dans une large mesure les accents loufoques des grandes screwball comedies de la fin des années 1930, Margaret Sullavan parvient avec sa subtilité habituelle à être parfaitement crédible en jeune fille et joue délicieusement avec le décalage permanent créé par la joyeuse candeur de sa Luisa Ginglebuscher, sans jamais tomber dans le ridicule. Le « must » : la scène où elle se dandine devant un miroir avec sa fourrure de « foxine », sa silhouette se reflétant à l’infini, est fabuleuse et symbolise à elle seule toute l’âme de ce personnage attachant. Qui plus est, le film déploie toute la magie des évocations d'une Budapest au romantisme fantasmé, et associe avec succès Margaret au charme suranné de l'excellent Herbert Marshall.
Le tableau d'honneur
Elles l'ont courtisé, il ne les a pas élues. Mais le Général est magnanime, voyez plutôt :
- KATHARINE HEPBURN pour Alice Adams : Dans ce film plutôt quelconque figure l'un de mes rôles préférés du cinéma classique. Alice Adams est très certainement le personnage le plus attachant joué par Katharine Hepburn : l'actrice rend tout à la fois adorable, irritante, drôle et émouvante cette jeune fille qui rêve de s'élever socialement. Aux portes d’un monde "à la Jane Austen", elle s’efforce de ressembler à ses "amies" mieux loties qu’elle, et nous sont dévoilés ses doutes et ses peines, la rendant chaque minute qui passe plus charmante.
- CAROLE LOMBARD pour Hands Across the Table : Dans cette comédie romantique bien ficelée, Carole Lombard s'entend à merveille avec un Fred McMurray bien plus à son aise que dans Alice Adams pour former un couple déluré. Son jeu déborde du charisme candide qui est sa marque de fabrique, lui permettant de ravir les cœurs de ses partenaires masculins et du public. Quant à sa beauté, radieuse, elle a rarement reçu un tel traitement de faveur.
- MIRIAM HOPKINS pour Becky Sharp : Une telle héroïne, à l'esprit aussi vif que sa morale est douteuse, qui d'autre que Miriam Hopkins aurait pu l'incarner avec un tel succès ? Certes, le film est loin du chef d'œuvre, mais le personnage de Becky Sharp tel que nous l'offre l'actrice est un déferlement de mines coquines, de reparties assassines et de séduction effrontée. Si Becky est la hantise de la haute société et la honte des bonnes mœurs anglaises, elle est un régal pour le spectateur, qui ne peut que prendre son parti malgré ses frasques toujours plus osées, d'autant que Miriam nous dévoile aussi sa face cachée, ses doutes et une humilité insoupçonnée, qui la rendent terriblement humaine.
- BETTE DAVIS pour Dangerous : A l'image de ce film au début et à la fin plus que mitigés, Bette Davis met une petite demi-heure avant d'entrer dans son rôle. Et alors que je pensais détester son personnage d'actrice alcoolique à la dérive, je me suis retrouvé fasciné (comme le protagoniste) par son charme étonnant, gouailleur et malsain, avant d'être tout à fait séduit par la nuance du caractère ambivalent qu'elle apporte progressivement à son héroïne, tiraillée entre ses sentiments naissants et son penchant pour l'autodestruction.
La revue terminée, le Général prend une pause bien méritée. Son célèbre thé recèle bien des mystères...
- Gourmand : Jean Arthur (If You Could Only Cook), dont la niaque culottée s'allie parfaitement au style guindé d'Herbert Marshall pour composer un solide duo comique et romantique, dans le plus pur style de l'actrice.
- Exotique : Marlene Dietrich (The Devil Is a Woman), qui au sein d'un film merveilleusement réalisé (quels décors, quel éclairage !!) parvient fort logiquement à séduire et à illuminer ses scènes, mais son jeu est parfois lourd ; j'hésite entre le reprocher à l'actrice ou considérer que ça ne fait qu'illustrer le caractère de son personnage.
- Explosif : Barbara Stanwyck (Annie Oakley), qui est comme toujours excellente, interprétant ici une fine gachette en n'oubliant pas de lui donner une forte personnalité et un charme tout "stanwyckien" ; le film perd cependant en valeur en s'appesantissant un peu trop à mon goût sur les déboires de l'alter-ego masculin.
- Parfumé : Merle Oberon (The Dark Angel), qui fait preuve d'une grande sensibilité dans le film où je l'ai découverte ; sa relation à Fredric March est intense et belle.
- Généreux : Kay Francis (Stranded), qui compose très joliment un personnage altruiste et admirable ; son expressivité met bien en valeur l'humanité de son héroïne.
- Noble : Greta Garbo (Anna Karenina), qui fait du Garbo, et le fait bien, dans un film au rythme autrement trop peu soutenu pour soutenir mon intérêt ; on ressent à plein le dilemme qui déchire l'âme d'Anna, l'émotion s'écoule à flots à chaque mot, mais son jeu possède ses écueils habituels (surjeu, théâtralité).
- Ponctué de notes puissantes : Ann Harding (Peter Ibbetson), qui déploie au milieu du film un charisme très séduisant face à Gary Cooper, jusqu'à un magnifique "climax" ; le film dérive malheureusement sur un chemin mystico-romantique qui m'a perdu.
- Sans surprise : Irene Dunne (Magnificent Obsession), qui à l'image du film ne donne réellement satisfaction que dans la (très belle) seconde moitié, où l'héroïne se retrouve aveugle ; la grande performance du film revient cependant à Robert Taylor.
- Exotique : Marlene Dietrich (The Devil Is a Woman), qui au sein d'un film merveilleusement réalisé (quels décors, quel éclairage !!) parvient fort logiquement à séduire et à illuminer ses scènes, mais son jeu est parfois lourd ; j'hésite entre le reprocher à l'actrice ou considérer que ça ne fait qu'illustrer le caractère de son personnage.
- Explosif : Barbara Stanwyck (Annie Oakley), qui est comme toujours excellente, interprétant ici une fine gachette en n'oubliant pas de lui donner une forte personnalité et un charme tout "stanwyckien" ; le film perd cependant en valeur en s'appesantissant un peu trop à mon goût sur les déboires de l'alter-ego masculin.
- Parfumé : Merle Oberon (The Dark Angel), qui fait preuve d'une grande sensibilité dans le film où je l'ai découverte ; sa relation à Fredric March est intense et belle.
- Généreux : Kay Francis (Stranded), qui compose très joliment un personnage altruiste et admirable ; son expressivité met bien en valeur l'humanité de son héroïne.
- Noble : Greta Garbo (Anna Karenina), qui fait du Garbo, et le fait bien, dans un film au rythme autrement trop peu soutenu pour soutenir mon intérêt ; on ressent à plein le dilemme qui déchire l'âme d'Anna, l'émotion s'écoule à flots à chaque mot, mais son jeu possède ses écueils habituels (surjeu, théâtralité).
- Ponctué de notes puissantes : Ann Harding (Peter Ibbetson), qui déploie au milieu du film un charisme très séduisant face à Gary Cooper, jusqu'à un magnifique "climax" ; le film dérive malheureusement sur un chemin mystico-romantique qui m'a perdu.
- Sans surprise : Irene Dunne (Magnificent Obsession), qui à l'image du film ne donne réellement satisfaction que dans la (très belle) seconde moitié, où l'héroïne se retrouve aveugle ; la grande performance du film revient cependant à Robert Taylor.