Scénario : P. J. Wolfson et
Ernest Pagano, d'après une histoire de I.A.R. Wylie
Producteur : George Stevens
Société de production : RKO
Pictures
Musique : Roy Webb
Genre : Comédie romantique
Durée : 90 min
Date de sortie : 10 mai
1938 (USA)
Casting :
Ginger Rogers : Francey
James Stewart : Peter Morgan
James Ellison : Keith Morgan
Beulah Bondi : Mrs Morgan
Charles Coburn : Mr Morgan
L’HISTOIRE
Peter Morgan, un jeune et
brillant professeur d’université, se rend brièvement à New-York pour en ramener
son fantasque cousin Keith. Il y fait la connaissance de Francey, une chanteuse
de cabaret, dont il tombe amoureux et qu'il épouse dans la foulée. Cependant,
une fois de retour dans sa petite ville, redoutant la réaction de sa famille…
et de sa fiancée, il préfère différer l’annonce de son mariage et fait passer
Francey pour une amie de Keith...
L’AVIS DE FU MANCHU
Autant le dire tout de suite, Vivacious
Lady, c’est un de mes coups de cœur, et il figure en bonne place parmi mes
films favoris – encore que de manière très subjective puisque, je l’avoue, il y
aura bien quelques petites choses à reprocher…
Mais commençons par le début : Vivacious Lady, ou Mariage Incognito dans sa version francophone, est une comédie romantique qui emprunte beaucoup à un sous-genre très apprécié dans les années 30-40 : la screwball comedy. Il nous faudra certainement faire un article sur la screwball tellement c’est un genre apprécié sur Films-Classiques, mais pour faire simple : une screwball comedy, c’est un film de comédie loufoque et déjanté, proche de la farce et aux très vives réparties, qui va se baser sur des thèmes tels que le mariage / divorce / remariage, l’opposition entre les personnages principaux masculin et féminin, et assez souvent l’opposition sociale (riche/pauvre). Bref, la screwball, ça fait rire et ça peut partir dans tous les sens, ce qui, il faut bien l’avouer, est un peu le but (Grande Dépression oblige…).
Points forts
Alors ici, je ne serai peut-être pas très objectif, parce que s’il y a
bien une actrice que j’aime beaucoup, c’est Ginger Rogers… et je précise tout
de suite que les comédies musicales, ce n’est pas trop mon truc, donc que oui,
on parle bien de la Ginger post-1937,
et de sa carrière dans les films « non musicaux ». Ginger pour moi
c’est avant tout, et en plus de son charme naturel, un immense potentiel
comique. Et dans Vivacious Lady, elle
montre toute l’étendue de son talent dans ce domaine, bien aidée par les
scénaristes qui lui offrent bon nombre de répliques irrésistibles… Tour à tour
drôle, hargneuse (oui je pense à la fameuse scène de la bagarre…), faussement
innocente ou séductrice, elle illumine le film face à un très bon James
Stewart, parfait dans son rôle typique d’alors, le jeune premier gauche et
timide au grand cœur. Il faut dire que l’alchimie entre ces deux-là crève
l’écran, ce qui n’est probablement pas un hasard si l’on sait qu’ils formaient
un couple à la ville à cette époque…
Côté scénario, on est typiquement dans une screwball et le film démarre très rapidement, le temps de mettre en
scène l’intrigue et les personnages, très vite mariés, et hop, on rentre à la maison pour affronter les parents (Charles
Coburn et Beulah Bondi, très bons dans leurs rôles) et la fiancée de Jimmy, qui
ne s’attendent pas à pareille fête. De là s’enchaînent les quiproquos, les
répliques bien senties et les comiques de situation, avec une Ginger impatiente
qui entend bien profiter rapidement de son mariage devant un Jimmy Stewart
dépassé par la situation : coupable d’une décision un brin hâtive, le
voilà tiraillé entre sa femme, sa fiancée soupçonneuse et ses parents, un père
très borné et soucieux de sa réputation, et une mère cherchant à éviter toute
discussion sérieuse.
Il est d’ailleurs très intéressant de voir comment est traité le désir
sexuel dans ce film, de manière plutôt subtile (ou pas, selon le point de
vue…) : nos deux héros, Peter et Francey, n’ont pas eu le temps de
« consommer » leur mariage, et les voilà obligés de mentir sur leur
relation… cela se sent dans le film et dans les rapports entre les
personnages : lors de l’entrée de Francey dans la salle de classe où Peter
enseigne, tout en séduction ; ou encore lors de cette fameuse scène où ils
cherchent à faire tomber le lit relevé contre le mur dans la chambre de
Francey, en faisant claquer des portes ou en ouvrant avec force des tiroirs (ce
désir suggéré, on le retrouve dans d’autres screwballs : je pense à The Awful Truth notamment, qui offre une
situation semblable).
Points faibles
Après un début très rapide poursuivi par une succession d’intrigues
courtes et bien menées, toutes très drôles et sympathiques, le scénario faiblit
quand même sur la fin avec, il faut le dire, environ un dernier quart d’heure
qui sans être mauvais nous sort du film, que l’on finit donc sur des
impressions plus mitigées que prévu. La dernière partie dans le train,
notamment, ne vient pas au bon moment, et on aurait bien aimé la raccourcir,
preuve que parfois, une screwball peut vraiment avoir des moments de creux (sur
Films-Classiques, on appellera ça « partir en vrille », mais chuut,
je réserve ça pour une future critique sur The Lady Eve, pour bien faire enrager mon compère General Yen), ce qui est très dommage, surtout quand tout avait si
bien commencé !
Conclusion
Au final, il me reste tout de même une très bonne impression de ce
film : un bon scénario jusqu’au dernier quart, et surtout des scènes
cultes en pagaille (en vrac et en langage codé : Jimmy mesmerized, le bisou volé, le téléphone,
the fight, la salle de classe… il y
en a en veux-tu, en voilà !). Bref, une bonne dose de rire et de
sentiments portée par un couple Ginger / Stewart au sommet de sa forme
(romantique) du moment… finalement, n’est-ce pas tout ce qu’on souhaite d’une
bonne vieille comédie hollywoodienne ?
NOTE : 8/10
(Ginger forever !)